Elise Mertens succède à... Kim Clijsters
On est tous d'accord, gagner un Grand Chelem en double n'a rien à voir avec en remporter un en simple. Il n'empêche, Elise Mertens a réalisé une des plus belles performances de sa carrière en s'imposant dimanche, avec la Bielorusse Aryna Sabalenka, dans la finale de l'US Open. Il faut remonter à 2003 et à Kim Clijsters, qui en avait gagné deux cette année-là, pour trouver trace d'une telle performance belge chez les filles.
En prélude à une finale messieurs que l'on prévoyait à sens unique en faveur de Rafael Nadal, surtout lorsqu'il mena deux sets à zéro, et qui se révéla en fin de compte ébouriffante (victoire du Majorquin, mais en cinq sets, 6-4 au cinquième, après une résistance héroïque de l'épatant Daniil Medvedev pour sa troisième finale d'affilée), on ne va évidemment pas dire que la finale féminine du double fut du même acabit, mais elle fut en tout cas indécise et attrayante, remportée sur un double 7-5 par Elise Mertens et Aryna Sabalenka face à Victoria Azarenka et Ashleigh Barty qui n'est autre que la lauréate de Roland Garros et la numéro une mondiale en simple. "Je n'arrive pas à croire que l'on ait gagné", s'écriait la Limbourgeoise, tombant à genou, "bien sûr je sais que c'est la carrière en simple qui compte avant tout, mais remporter un Grand Chelem n'arrive quand même pas tous les jours." C'est à la fois un peu inattendu... et pas vraiment tombé du ciel puisque les deux filles avaient déjà causé la surprise en réalisant le "sunshine double" Indian Wells/Miami cette année, tout en éliminant déjà Azarenka/Barty lors des demi-finales en Floride. "On a pu bien étudier leur jeu, et casser leur rythme", souligne notre compatriote.
Rentable
Le plus étonnant c'est que le duo s'est formé en début d'année avec pour objectif de ne jouer que quelques grands rendez-vous, surtout pour se perfectionner en vue du simple, Elise, qui formait précédemment une paire avec la Hollandaise Demi Schuurs, ayant décidé de moins s'aligner en double. On peut dire que c'est réussi. Notre compatriote est aujourd'hui deuxième mondiale dans la spécialité et Sabalenka sixième, elles sont quasi assurées de disputer le Masters, et elles ont empoché 670.000 euros (évidemment divisés par deux) pour leur succès new-yorkais. On a parfois le sentiment que jouer aussi le double, lorsque la Limbourgeoise va loin en simple dans un grand tournoi, la prive d'un certain pourcentage d'énergie dans des moments décisifs, mais on voit que cela peut être aussi très rentable pour une joueuse professionnelle ne l'oublions pas. "On va encore jouer quelques fois ensemble j'ai l'impression", a déclaré la Limbourgeoise après le match. "J'sais pas, j'vais y réfléchir", a répondu son équipière, pince sans rire. Elles s'amusent et, avec les grosses frappes de la Bielorusse, sont également très complémentaires. "Disons plutôt qu'on l'est devenues, au début c'était un peu laborieux, comme lors de notre finale dimanche, mais on a trouvé nos marques".
Seulement la troisième...
Les deux filles n'ont pas pour autant eu l'occasion de faire beaucoup la fête dans Big Apple. Elise Mertens a pris le premier avion pour revenir au plus vite au pays, d'autant que dès vendredi elle redécolle pour l'Asie et Osaka. Cette victoire à l'US Open ne modifie évidemment pas ses plans, priorité à sa carrière en simple, d'abord le Japon donc, puis la Chine (Wuhan, Pékin), et retour à Luxembourg, avec sûrement l'un ou l'autre parcours en double en cours de route. "Franchement lorsqu'on a commencé en janvier on n'aurait jamais imaginé ça, on a vraiment grandi en tant que partenaires, ça fait plaisir", insiste Mertens qui n'est que la troisième joueuse belge à remporter un Grand Chelem en double après une certaine Josane Sigart à Wimbledon 1932 et Kim Clijsters qui s'est imposée à Roland Garros et Wimbledon en 2003 avec la Japonaise Ai Sugyiama. Bien sûr, personne n'a oublié que, l'année suivante, chez les messieurs, Xavier Malisse et Olivier Rochus ont réalisé la même performance à Roland Garros. En passant, on glissera à Elise que Kim a d'abord remporté ces tournois majeurs en double avant d'en accrocher (plus d')un en simple. Entre voisines, une voie à suivre en quelque sorte.
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