Elise Mertens en quart de finale à Melbourne : "Je ne trouve pas de mot, seulement "Wow !"
Où s'arrêtera le début d'année fou-fou-fou d'Elise Mertens ? Si c'est en quart de finale de l'Open d'Australie, il s'agira déjà d'un exploit marquant, à 22 ans, pour quelqu'un dont la météorique ascension impressionne de plus en plus au delà de nos frontières. En même temps, rien n'est moins sûr. Après un nouveau match à émotions remporté (7-6, 7-5) face à la Croate Petra Martic (WTA 81), elle considère sa première deuxième semaine en Grand Chelem "comme du bonus", mais dans la spirale victorieuse qui est la sienne, et avec le sentiment de n'avoir plus rien à perdre, qui sait ce qui l'attend encore mardi face à Elina Svitolina, dans un tournoi féminin où rien n'est vraiment sûr ?
24e mondiale
Même dans des circonstances différentes (il faisait beaucoup moins chaud), les matches se suivent et se ressemblent pour Elise Mertens lors de ce premier Open d'Australie qu'elle n'oubliera pas. Comme contre Alize Cornet, elle a pris un net avantage (4-0 au premier set) sur Petra Martic et s'est faite rejoindre, pour s'imposer aux forceps (tie-break 7-5). Comme face à la Française, elle a également affronté lors de la deuxième manche une adversaire en problème physique - la Croate demandant un "medical time out" pour traiter ses abdominaux - mais qui n'en a pas moins joué son meilleur tennis dans une fin de partie tendue, émaillée de quelques échanges énormes. Comme contre la Française encore, Elise a servi deux fois pour le match, à 5-4, puis 6-5, vendangeant la première occasion pour saisir la seconde, cette fois sur un jeu blanc et quatre premières balles, dont deux aces. Ayant défendu avec succès son titre et ses points WTA d'Hobart, la Limbourgeoise, qui n'avait pas joué l'an dernier à Melbourne où elle devait passer par les qualifications, continue à progresser au ranking WTA, puisqu'elle est d'ores et déjà assurée d'être 24e mondiale, soit un gain de 12 places, au terme du Grand Chelem australien qui lui rapporte jusqu'ici la bagatelle de 288.000 euros.
Fatiguée et nerveuse
Quand on dit que notre compatriote a beaucoup joué depuis le début de l'année, c'est un euphémisme. Si elle a remporté dimanche sa neuvième victoire d'affilée en treize jours, il faut ajouter les trois rencontres en simple et les trois en double mixte lors des exhibitions de la Hopman Cup à Perth (elle n'y a perdu qu'un simple, le premier, de toute justesse contre Angelique Kerber), plus le fait qu'à Hobart elle a remporté simple et double, au total cela finit évidemment par faire beaucoup, mais sur sa lancée elle ne lâche pas. "Ce matin, je me sentais vraiment fatiguée et plus nerveuse qu'avant le tour précédent", reconnaissait-elle, "j'ai quand même beaucoup joué en peu de temps (sourire), mais je me suis dit "ce ne sont que deux ou trois heures de compétition de plus", et j'y suis allée. C'était dur, je suis bien entrée dans la partie, j'ai mené 4-0, mais elle a bien joué aussi, son service c'était de la bombe (194 km/h, ndlr), heureusement au tie-break j'étais là. La fin de match fut de nouveau épique, j'ai éprouvé les pires difficultés à servir une première fois pour le match à 5-4, mais la seconde fois ma première balle était au rendez-vous et c'est devenu plus facile. Ce qui arrive désormais, c'est du bonus. Croyez-le ou non, c'est une surprise pour moi aussi. Je ne trouve pas de mot pour dire ce que je ressens, seulement "Wow !"
"Il faut mériter les points"
Petra Martic avait déjà atteint les 1/8es de finale à Roland Garros et Wimbledon l'an dernier, elle avait rêvé passer ce cap à Melbourne qu'elle a quitté très déçue : "Cela s'est joué à trois fois rien, elle a mieux géré les moments importants, elle ne donne quasiment pas de points, il faut vraiment les mériter. Elle fait très peu de fautes, on doit frapper beaucoup de balles pour parvenir à la déborder. À certains moments, j'ai eu l'impression de jouer contre un mur. J'ai essayé d'être la plus agressive possible et je pense y être plutôt bien parvenue, mais je suis arrivée un peu trop court à la fin. Difficile de dire ce qui a fait la différence. Si j'ai un regret, c'est d'être aussi mal entrée dans la partie. Il n'est pas évident de revenir quand on est menée 4-0. Pourtant, pour le même prix, je pouvais remporter le premier set. Cela m'a coûté cher, mais il s'agit d'une adversaire très coriace, pour elle c'est un beau cadeau à seulement 22 ans."
Justine-Kim
Sans enlever une once de mérite à Elise, il faut constater que si elle a largement tenu son rang, à Hobart comme à Melbourne, elle n'y a battu qu'une joueuse classée au dessus d'elle au ranking WTA, l'Australienne Daria Gavrilova. Elle aura l'occasion de combler cette "lacune", si c'en est une, mardi face à la 4e mondiale, probable future 3e, Elina Svitolina, 23 ans, que Justine Henin connaît bien puisque l'Ukrainienne a travaillé durant deux ans dans son académie à Limelette, Justine ayant encore fait office de "consultante de luxe" à ses côtés en 2016. Svitolina a dominé en 1/8e de finale la qualifiée tchèque Denisa Alletrova, 130e mondiale, en un peu moins d'une heure (6-3, 6-0) au terme d'un match entamé à minuit, heure locale. Elle joue en short et c'est une des quelques favorites du tournoi restant en course. Comme Elise, elle est toujours invaincue cette année puisqu'elle a remporté le tournoi de Brisbane après avoir battu Karolina Pliskova en demi-finale. La Limbourgeoise retrouvera donc le statut d'outsider pour ce grand moment de sa jeune carrière. "Elle m'a battue en finale à Istanbul l'an dernier (leur seule confrontation, ndlr), c'était sur terre battue (6-2, 6-4). Elle vient aussi de gagner un titre, elle a l'habitude des grands tournois et elle ramène beaucoup de balles", dit-elle, "mais je suis ravie d'être là, et quand on y croit de grandes choses peuvent arriver." Si elle réussit l'exploit de se qualifier, notre compatriote aura toutes les chances de se retrouver Top 20 dès le lundi suivant. La dernière joueuse belge quart de finaliste en Grand Chelem fut Alison Van Uytvanck à Roland Garros 2015, elle n'a malheureusement pas encore pu confirmer depuis malgré d'indéniables capacités tennistiques. Elise Mertens, plus solide, stable et structurée, est la première à atteindre ce stade à l'Open d'Australie depuis... son mentor Kim Clijsters en 2012. Un quart de finale Justine-Kim par personnes interposées ? Si on veut...
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