Dominique Monami avant France-Belgique en Fed Cup : "Cette équipe n'a pas peur de voyager"
Samedi et dimanche, dans le superbe Vendespace de Mouilleron-le-Captif près de La Roche-sur-Yon, l'équipe belge retrouvera le groupe mondial de Fed Cup à l'occasion d'un France-Belgique qui s'annonce très ouvert et pourrait déboucher sur une demi-finale... aux Etats-Unis à la mi-avril juste deux semaines après le quart de finale qu'y disputera la sélection de Johan Van Herck en Coupe Davis.
Autant notre équipe masculine a pu jouer une majorité de rencontres "à la maison" ces dernières saisons, autant les filles ont été contraintes de disputer leurs matches à l'étranger, notamment lorsqu'elles sont descendues au troisième niveau de Fed Cup et que tout était programmé en une semaine au même endroit, soit à Budapest, soit en Israël. Toujours est-il que la Belgique féminine n'a plus évolué sur son sol depuis avril 2013. Cela ne l'a pas empêchée, après avoir finalement émergé du groupe Europe/Afrique, de ne passer ensuite qu'une saison dans le groupe mondial 2, un peu à la surprise générale dans la mesure où se qualifier à Bucarest et, surtout, à Moscou ont représenté autant d'exploits eu égard aux forces en présence. Une plume au chapeau de la capitaine Dominique Monami qui a pris le relais d'Ann Devries pour la triomphale année 2017 où s'est révélée Elise Mertens. "La preuve que cette équipe n'a pas peur de voyager", souligne-t-elle.
Cela tombe bien parce qu'après la Serbie, la Roumanie et la Russie, c'est la France qui accueille nos joueuses ce week-end. "Au moins, si on est supporter, on peut s'y déplacer facilement, pour pas trop cher, et c'est une affiche dont on va parler médiatiquement, j'ai senti un regain d'engouement autour de notre équipe", continue Dominique. Une équipe qui se présente avec ses meilleures forces - Mertens (WTA 20), Flipkens (WTA 70), Van Uytvanck (WTA 79), Bonaventure (WTA 155) -, alors que l'adversaire est privé de sa numéro une Caroline Garcia, 7e mondial, toujours en froid avec la sélection et la fédération, mais aussi d'Alize Cornet (WTA 39) qui n'a pas satisfait aux obligations de localisation dans la procédure de contrôle antidopage. L'équipe de France s'articule donc essentiellement autour de Kristina Mladenovic, 13e mondiale, et de Pauline Parmentier, 91e, accompagnées de Amandine Hesse (WTA 228) et de la jeune Clara Burel, 16 ans, récente finaliste de l'Open d'Australie juniors, tandis qu'Océane Dodin privilégie sa carrière personnelle.
L'omniprésent capitaine français Yannick Noah, qui enchaîne donc Coupe Davis et Fed Cup en une semaine, ne cache pas que le destin de son groupe tourne autour de l'engagement de Mladenovic, ses propos sont dépourvus d'ambiguïté : "Kiki nous ramène des points et s'investit pour la Fed Cup, c'est essentiel par les temps qui courent. Si elle n'est pas là, on est mal, si elle ne vient pas, il n'y a personne, et forcément je suis content quand elle joue bien comme la semaine dernière à Saint-Petersbourg (défaite en finale contre Kvitova, ndlr)." Rappelons que si elle a gagné la finale du double à l'Australian Open avec Timea Babos, la Française n'avait plus remporté un match en simple depuis six mois, soit quinze défaites d'affilée, avant de battre notamment Cibulkova et Kasatkina en Russie. Un retour qui tombe à pic pour elle, et pour l'équipe française, peut-être moins pour nous.
On parle de tout ça, et d'autres choses encore, depuis la Vendée avec la capitaine belge.
Q. Dominique Monami, vous avez déclaré au moment des sélections qu'il fallait oser dire que la Belgique était favorite, vous êtes toujours du même avis ?
D.M. Au moment où j'ai dit ça, Kristina Mladenovic était dans le trou, elle n'avait plus remporté un match de simple depuis des mois. Le fait qu'elle se soit refait une santé à Saint-Petersbourg équilibre le débat, je dirais qu'on part à égalité. Bien sûr, on joue chez elles, ce n'est jamais facile, mais cela ne nous effraie pas. La salle est splendide, très moderne, on n'a pas choisi la surface (dure), mais elle nous convient.
Q. Difficile de tirer des conclusions des confrontations précédentes entre les joueuses, les conditions sont très différentes. Il y a un an Mertens avait dominé Mladenovic 6-1, 6-2 à Hobart, tournoi qu'elle avait gagné, et la Française lui avait rendu la pareille, sur un score plus serré (7-6, 6-4), un mois après à Saint-Petersbourg où elle s'était aussi imposée en finale...
D.M. ... On ne peut pas comparer. Elise n'est plus la même qu'en 2017, et elle progressera encore. Elle rejouera ici pour la première fois après sa demi-finale de Melbourne, elle n'a perdu qu'un match officiel depuis le début de l'année, qui plus est contre celle qui a remporté l'Australian Open. Elle était inscrite à Saint-Petersbourg, elle n'y est pas allée, elle s'est un peu reposée et a repris l'entraînement, elle est super motivée, elles le sont toutes, je sens beaucoup d'envie, Kirsten (Flipkens) a bien joué en Australie aussi, Alison (Van Uytvanck) n'a pas eu grande chance au tirage, Martic, qui l'a éliminée, a joué un très bon tournoi.
Q. Que dire de l'absence de Yanina Wickmayer (retombée 117e mondiale) dans la sélection, et de celle d'An-Sophie Mestach qui avait gagné le double décisif avec Elise Mertens en Russie ?
D.M. J'ai eu une discussion avec Yanina à Melbourne par rapport à sa situation actuelle et à ses ambitions dans l'équipe, cela ne collait pas avec une position de 4e joueuse qui aurait eu peu de chance de jouer, elle n'a rien refusé, on était d'accord. Quant à An-Sophie, elle n'était pas prête, elle a été blessée en début de saison, puis elle a eu la varicelle. Tout cela ne signifie pas que les choses ne peuvent pas encore éventuellement changer pour la prochaine rencontre. On a vu à Moscou que la quatrième pouvait avoir un rôle important, et Ysaline (Bonaventure) joue bien en double. Elles peuvent d'ailleurs toutes les quatre évoluer en simple comme en double, et je fais en sorte de les préparer comme si elles allaient toutes jouer. Sauf le fait qu'Elise va bien entendu commencer, rien n'est sûr, j'aime qu'elles soient sur le même pied. Avant moi, je sais qu'il n'en a pas toujours été ainsi, et que cela a déteint sur l'ambiance dans l'équipe, donc j'en tire les leçons.
Q. Avez-vous le sentiment que, comme pour David Goffin en fin de saison dernière, la manière dont le monde du tennis perçoit Elise Mertens a changé ?
D.M. Absolument. On la regarde autrement. Il faut dire que cela correspond à une énorme évolution dans son jeu, une évolution sur un an comme on en voit très rarement. En quelques mois, la joueuse défensive qu'elle était s'est transformée en attaquante, ne reculant plus, scotchée sur sa ligne, agressive, focalisée sur son jeu d'attaque, elle a aussi gardé les bases pour bien défendre, peu de joueurs ou de joueuses sont capables d'une transfiguration aussi extrême. Comme David, jeune, elle n'avait jamais été considérée comme une Top 20 en puissance. Ce qu'ils ont réalisé, et réaliseront encore, n'est pas donné à tout le monde, mais c'est la preuve que lorsqu'on a des qualités, avec la bonne attitude, beaucoup de travail et l'encadrement adéquat, on peut réussir de fameuses choses.
Q. La Belgique n'a jamais battu la France qu'une fois en Fed Cup, en 2000 avec Kim Clijsters et Els Callens face à Julie Halard et Nathalie Tauziat. Vous avez perdu deux fois avec Sabine Appelmans il y a vingt ans, en 1997 à Nice et en 1998 à Gand...
D.M. Ce sont à la fois de bons et de moins bons souvenirs. On s'est effectivement inclinées, chaque fois 3-2, mais j'ai remporté mes quatre simples, contre Sandrine Testud, Sarah Pitkowki et Alexandra Fusai. Steven Martens était capitaine à l'époque, et ce qui est assez piquant c'est que Yannick Noah était déjà sur le banc français.
Q. Au moins avec lui vous ne risquez pas ce week-end les provocations sexistes et ridicules à la Nastase.
D.M. : Non, certainement pas. C'est plutôt quelqu'un qui a le sens de la fête, même si je ne doute pas que ce qui compte avant tout c'est gagner. Je le connais, je l'ai croisé plus d'une fois à l'Optima Open de Knokke alors qu'il jouait et que je présentais.
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