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David Goffin est prêt pour Roland Garros

Dans le troisième set de son quart de finale à Rome contre Alexander Zverev, on a vraiment cru que David Goffin finirait par renverser le géant allemand surdoué, tenant du titre, vainqueur de deux tournois consécutifs, Munich puis Madrid, et futur finaliste face à Rafael Nadal. Il n'en a malheureusement rien été, mais il n'a pas manqué grand-chose au Liégeois, ce qui accroit sa confiance à la veille de Roland Garros qui commence dimanche prochain, 27 mai. 

Après un Masters 1000 madrilène conclu prématurément sur un match "à oublier" face à Kyle Edmund, on attendait David Goffin à Rome où il a, en effet, montré que l'accroc espagnol n'était qu'un incident de parcours. Dans la capitale italienne, après un premier tour expéditif contre Leonardo Mayer (6-1, 6-2), le Liégeois a été victime d'un curieux malaise au premier set face à l'Italien Cecchinato alors qu'il menait 5-1 jusqu'à perdre la manche 5-7. "J’ai commencé à avoir froid, à grelotter, et puis soudain ce fut le contraire, je me suis mis à avoir très chaud, à transpirer, j’ai essayé de me calmer, j’ai été me changer", racontait-il, "sur le coup c'était comme un état grippal, je n’avais plus d’énergie, heureusement je possédais assez de marge et par la suite j'ai su gérer (6-2, 6-2)." Le jour de repos dont il a pu bénéficier avant son huitième de finale face à Juan Martin Del Potro ne pouvait dès lors mieux tomber, et il n'y paraissait plus au moment d'aborder un match qu'il domina d'entrée 6-2 défiant la première balle et le coup droit assassins de son puissant adversaire. Au deuxième set, le colosse argentin s'accrocha comme il peut le faire lorsqu'on le croit à l'agonie et lâcha d'autant plus ses coups qu'il s'occasionna une blessure à l'aine en début de seconde manche, peut-être la conséquence d'avoir été à ce point baladé et malmené jusque là. Il appela le kiné sur le court au beau milieu d'un jeu, rentra au vestiaire pour soins aux limites du temps autorisé, et revint au match plus accrocheur que jamais alors que David n'arrivait plus à éviter aussi habilement son coup droit ravageur et n'opérait plus toujours les bons choix. Breaké et auteur de trois doubles fautes dans le même jeu, notre compatriote n'en revenait pas moins pour sauver deux balles de set et s'octroyer une balle de 5-5 lorsque Del Potro se fit de nouveau mal et jeta l'éponge... ce qu'il aurait sans doute dû faire plus tôt, il n'est pas du tout certain qu'il puisse s'aligner Porte d'Auteuil.

"De plus en plus proche d'aller plus loin"

Ce genre de match était ce qu'il fallait à David. "Il m'a fait du bien, il y avait beaucoup d'intensité", disait-il, "le tennis est là, ce qu'il faut c'est tenir dans le combat mental, prendre des points importants, sauver des balles de break, j'ai dû batailler pour retrouver mon niveau, même deux fois en un an, et quand on voit que cela porte ses fruits on est content. Ce n'était pas évident à gérer, avec cet arrêt à 15 partout, cette sortie, sans connaître le problème, on sait que, dans cet état-là, il arrive souvent à retourner les matches, il faut être doublement concentré." Si se prendre Del Potro en huitième de finale n'était déjà pas un cadeau, Alexander Zverev en quart n'en était sûrement pas un non plus, qui plus est dans un match entamé vendredi à 22 h 50 et terminé peu avant une heure du matin. Le jeune Allemand, 21 ans, 3e mondial, à l'attitude un brin arrogante pas toujours agréable, n'avait plus perdu un set depuis le deuxième tour à Munich, tournoi qu'il a gagné, avant de s'imposer à Madrid, onze victoires d'affilée et une confiance au zénith affirmée dans un premier set (4-6) où David ne s'octroya pas une seule balle de break face à la puissance de feu germanique. "Son service l'a bien aidé pendant tout le match", confirme Goffin, "mais il y a aussi eu un long passage où je me suis vraiment senti au dessus de lui." Sur la fin du deuxième set, que notre compatriote a remporté 6-3, et au début du troisième où il mena 3-2, service à suivre. Franchement, on a cru à ce moment-là que le match avait définitivement basculé en sa faveur, mais cette fois David n'a pas été au rendez-vous du moment crucial, sur les points importants, pour confirmer le break alors que l'Allemand, au pied du mur, en remettait une couche (3-6). "C'était à moi d'en profiter, j'aurais dû", convenait Goffin, "la réussite lui a souri, tout s'est bien mis pour lui, pas pour moi, mais je me sens de plus en plus proche d'aller plus loin dans ce genre de tournoi."

New York Times

Ayant sagement fait une croix comme on le pensait sur le tournoi de Genève pour rallier tranquillement Paris et préparer Roland Garros sur place durant une petite semaine, David a fait l'objet, après son match contre Del Potro, d'un article dans le New York Times autour du tennis "différent" que propose le Liégeois d'1m80/70kg sur le circuit actuel, et "de la vitesse, du sens de l'anticipation, de cette sorte de magie qui lui ont permis de réussir à une époque où cinq des membres du Top 10 ont au moins la taille de Del Potro (1m98)". Le quotidien US insiste aussi sur le fait que Goffin est un des joueurs les plus légers de l'ATP tour, "sur la balance il fait 12 kilos de moins que le plus léger des autres membres du Top 1O, et 40 de moins que John Isner." "Il couvre bien le court, court très vite, avec l'oeil qu'il faut pour anticiper", explique alors son coach Thierry Van Cleemput dans le même article, "mais David doit essayer de jouer son meilleur coup à chaque fois, s'il ne le fait pas il sait qu'il peut se faire punir immédiatement. Le tennis est difficile, mais vous avez la chance qu'il y a un filet entre les deux gars, si c'était de la boxe il ne résisterait pas cinq minutes contre ce genre d'adversaire." Ce qui permet au coach d'espérer le voir arriver "en demi-finale d'un Grand Chelem et en finale de Masters 1000, sans oublier qu'il pourrait y avoir des opportunités dans le futur quand certains vainqueurs de Grand Chelem ne seront plus là." "La clé pour moi c'est de jouer le plus longtemps possible, en faisant en sorte, je l'espère, d'être aussi bien physiquement que Roger (Federer) quand j'aurai 36 ans", conclut David, qui, rappelons-le, en a 27.

Huitième tête de série

A Rome, David Goffin a également regagné une place au classement mondial, 9e ce lundi il figure dès lors parmi les huit premières têtes de série, les plus protégées, à Roland Garros compte tenu de l'absence de Roger Federer. Chez les filles, Elise Mertens (WTA 16) a également atteint le meilleur statut qui lui était accessible, figurant parmi les seize premières têtes de série du Grand Chelem parisien. L'espoir d'un tournoi "au long cours" pour nos deux têtes d'affiche ? C'est tout le mal qu'on leur (nous) souhaite.
 

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