David Goffin au troisième tour de Roland Garros face à Gaël Monfils
David Goffin a de nouveau mal commencé son match mercredi, au deuxième tour Porte d'Auteuil, face à Corentin Moutet, 19 ans, qui a raflé tous les titres nationaux chez les jeunes dans l'Hexagone et qui avait "sorti" joliment un Karlovic il est vrai largement sur le retour, 92e mondial à 39 ans, surtout sur la terre battue qui est tout sauf sa surface de prédilection. Le jeune Français a en tout cas entamé la partie de la même manière, aux commandes et sans complexe, posant pas mal de problèmes à un Liégeois trop attentiste qui s'est retrouvé mené 2-5. La suite fut heureusement plus conforme à la logique et aux forces en présence (7-5, puis 6-0, 6-1). David aligna ainsi la bagatelle de quinze jeux d'affilée, et n'en concéda plus qu'un à un adversaire qui apparut de plus en plus découragé. Il faut dire que prendre un jeu en deux sets sur le Lenglen n'est amusant pour personne, même si son public n'a jamais cessé de l'encourager.
"Quinze jeux d'affilée... c'est la première fois"
Le garçon, qui a son caractère, sait incontestablement jouer au tennis, et à son âge il a l'avenir devant lui, mais face à un Goffin trouvant son rythme il a manqué d'arguments, notamment au service, pour tenir la distance. "Je ne le connaissais pas du tout", disait David, "c'était assez surprenant, il jouait haut, prenait sa chance avec une bonne main de gaucher, lâchait de grands coups, me contrait à chaque fois et me passait quand je ne montais pas trop bien. Il était manifestement "chaud", très motivé, avec l'appui du public, même si je n'ai vraiment pas à me plaindre des Belges qui étaient là (sourire), mais cela n'a duré qu'un temps, j'ai laissé passer l'orage. Quand j'ai vu comment il jouait et que je suis "entré" dans le match, j'ai vite senti que si j'attaquais un peu plus, si je prenais la balle plus tôt, ce serait plus compliqué pour lui, il n'avait pas vraiment de coup fort pour répondre et ne gagnait pas beaucoup de points avec son service. Même si j'avais perdu le premier set cela n'aurait pas été une catastrophe, mais j'ai au contraire enchaîné les jeux. Quinze d'affilée... c'est la première fois que cela m'arrive. Une fois que j'ai senti que c'était parti, je ne l'ai plus lâché, je lui ai maintenu la tête sous l'eau en restant concentré, je suis super content de ça. Les deux premiers tours passés, j'espère que mon tournoi est lancé, il n'est jamais facile d'entrer dans un Grand Chelem, surtout avec un match piège comme celui face à Robin Haase. Et puisque vous allez me poser la question (sourire), oui, je préfère évidemment sortir du Lenglen en gagnant comme ça que sur une chaise roulante, je me sens vraiment très bien."
"L'attentat de Liège à 15 mètres de chez mes parents"
En quittant le court, on n'a pas pu ne pas remarquer que David écrivait "Liège" sur la caméra télé, assorti d'un coeur. "Quand j'ai appris la nouvelle de l'attentat, j'ai été voir un peu partout sur le net", dit-il, "cela m'a fait d'autant plus bizarre que tout s'est passé à quinze mètres de chez moi, en face de l'endroit où mes parents habitent. Même si je ne connais aucune des personnes décédées, ce sont des choses qui font mal, qui vous ébranlent, ce n'est pas simple, et quand on voyage autant que nous, partout dans le monde, on ne peut pas ne pas y penser. Mais cela ne doit surtout pas nous empêcher de vivre, il ne faut pas s'enfermer, rester les volets fermés n'est jamais une solution." Le Liégeois joue désormais tout de noir vêtu. Rien à voir avec le sentiment de deuil dans la cité ardente, bien sûr. "Ce n'est pas moi qui choisis, mais mon équipementier", sourit-il. Ce n'est pourtant pas la couleur idéale pour bouger dans la chaleur. "Justement, il y a une sorte de système qui apporte de la fraîcheur dans le dos, quelque part c'est pour montrer que même en noir cela fonctionne."
Monfils s'étonne lui-même
Le troisième tour qui opposera vendredi David à Gaël Monfils sera, sur le papier, un des plus spectaculaires, programmé à coup sûr sur un grand court. Le Français n'est certainement pas dans la meilleure période de sa carrière, mais il n'en a pas moins défait en trois sets Martin Kilzan qui avait battu Djokovic à Barcelone. "On sait que Roland Garros est le tournoi de l'année où Gaël est le plus fort", souligne David. "Il aura le public avec lui, et quand il est lancé, il faut faire très attention, il y a longtemps qu'il n'a plus aligné deux victoires d'affilée (depuis Indian Wells, ndlr)." Les deux joueurs en sont à 2-2 au bilan de leurs confrontations directes, et c'est Goffin qui a remporté les deux dernières. A l'entendre, Monfils n'est toujours pas plus optimiste quant à son état actuel. D'autant qu'il est annoncé malade depuis trois jours. "Je n'ai pas dormi de la nuit", assurait-il sur le site de L'Equipe. "J'ai de la fièvre depuis deux jours, j'ai dû prendre des antibiotiques. Honnêtement, j'ai eu beaucoup de réussite, ce n'était pas un super match. Même moi je suis étonné. J'ai fait le minimum, et il s'est un peu excité tout seul, peut-être était-il un peu fatigué, je n'avais pas une grande confiance mais j'arrivais à mettre la balle dans le terrain, c'était correct, assez offensif, mais sans batailler." Qui plus est, il s'est "tourné" le genou en fin de premier set, Klizan est même venu aux nouvelles. "A froid, ça tire un peu, je vais voir plus tard ce que cela donne." Entre nous... méfiance quand même !
La journée surréaliste de Kirsten Flipkens
Un gros zéro pour l'organisation. Indigne d'un Grand Chelem. Ce sont les réflexions légitimes que l'on a entendues mercredi soir chez Kirsten Flipkens et son adversaire Daria Kasatkina. Leur deuxième tour était prévu en fin de programme sur le court 1, mais lorsqu'on a vu la tournure qu'y prenaient les matches on a vite compris que ce ne serait pas possible. Ce n'est pourtant qu'à 18 h 30 qu'on leur a appris que la partie aurait lieu une demi-heure plus tard sur le court 5. Sauf que, sur place, le personnel d'entretien n'a pas été tenu au courant et, pensant la journée terminée, il a abondamment mouillé le terrain... impossible ensuite à remettre en état. C'est finalement sur le court 9 que le match a pu débuter vers 20 h, du jamais vu à ce niveau surtout avec une 14e mondiale. Il n'y a pas eu de miracle pour Kirsten, qui a subi la loi de la Russe sur un double 6-3. "Rien à dire, elle a mieux joué que moi", confirmait notre compatriote, "j'ai commis trop de fautes directes dans le premier set alors que contre une joueuse comme ça il faut au contraire saisir chaque opportunité qui se présente. C'est un peu décevant. D'un autre côté, c'est aussi son tennis qui a fait cette différence. J'ai réalisé la meilleure saison sur terre de ma carrière (un quart de finale à Lugano, une demi-finale à Nuremberg), et même carrément mes meilleurs résultats de la saison. Qui l'eût cru ? Le gazon qui arrive est en principe ma surface préférée mais si j'y réalise les mêmes résultats que sur la brique, qui ne me convient d'habitude pas du tout, ce ne sera déjà pas mal."
Les Belges ce jeudi
Jurgen Zopp - Ruben Bemelmans (11 h court 6)
Heather Watson - Elise Mertens (11 h court 3)
Julia Goerges - Alison Van Uytvanck (4e match court 1).
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