David Goffin a laissé passer l'occasion à Shanghai, mais est prêt pour Anvers
A suivre la fin de la première manche du troisième tour Goffin/Federer, perdue au tie-break par David au Masters 1000 de Shanghai, il y avait de quoi avaler sa raquette en se mettant ne fut-ce qu'un instant dans les "tennis" de notre compatriote. Jamais, si l'on excepte leur confrontation du Masters londonien en 2017, David, qui a eu cinq balles de set, n'a paru aussi près de battre le maestro suisse, et de le mériter. Au pied du filet, il n'a pas su saisir sa chance, dommage, y compris dans la course au Masters 2019, mais, la déception digérée, c'est un Goffin en forme qui devrait aborder le tournoi d'Anvers jeudi prochain.
Federer : "Je n'ai jamais eu l'ascendant"
La qualité du match de David Goffin, jeudi, c'est encore Roger Federer, conscient d'être passé par le chas de l'aiguille, qui en parle le mieux : "Je n'ai jamais eu l'impression de prendre l'ascendant sur David. Il était tellement meilleur qu'à l'US Open, je ne comprends pas pourquoi il n'a pas pu jouer à un tel niveau à New York, peut-être un off day, les conditions de jeu, je ne sais pas. Je trouve que j'ai moi-même livré un bon match, mais lui a vraiment... je ne dirais pas dicté le jeu, mais il a été très clair et juste dans ses choix, il a pris beaucoup de bonnes décisions, il était très rapide, c'était très dur pour moi. J'ai eu un peu de chance, il en faut. La fin du premier set a sans doute été la clé du match, avec mon service qui ne m'a pas lâché (72% de premiers services pour 55 au Liégeois, statistique effectivement cruciale, ndlr). C'est parfois passé de justesse, mais j'ai continué à me battre. Il y avait beaucoup de qualité dans le tennis pratiqué, des deux côtés. Cela encore été le cas au deuxième set, on a eu tous les deux notre chance, j'ai finalement réussi à breaker, et mon service m'a permis de conclure."
Le bras un peu crispé sur les balles de set
Pour Goffin, c'est évidemment le genre de pilule difficile à digérer, un match que l'on peut envisager de deux manières, la première, immédiate, celle des occasions manquées, de la cruelle désillusion, et la deuxième qui devra s'imposer pour la suite, celle du niveau et de la solidité du tennis pratiqués. En réalité, il a quasiment tout bien fait, surtout lors d'une première manche où il a été plus que l'égal du génie suisse, qu'il a breaké avant de servir pour le set. Malheureusement, seul bémol, mais décisif, alors que, par ailleurs, il attaquait les balles libéré, il a encore eu du mal à conclure, on a senti son bras se crisper un peu sur les trois balles de set qu'il s'est alors octroyées, dont une gâchée par une double faute, et la dernière sauvée par Federer via la bande du filet, manque de "bol" qui plus est. Ensuite au tie-break, où il eut l'avantage à 4-2 et 5-3, rebelote sous la forme de deux nouvelles balles de set, avant le coup de poignard du Suisse qui, lui, sut saisir l'occasion subitement offerte, toute la différence (7-9). Par la suite, loin de s'écrouler comme ce fut souvent le cas en pareille circonstance, notre compatriote a continué à se hisser au niveau de son adversaire, même si une première manche ainsi gagnée l'aurait boosté d'une autre manière encore. Bien que le résultat (6-7, 4-6) laisse un goût très amer, le match dans son ensemble confirme la consistance déjà constatée contre un Djokovic pourtant impressionnant à Tokyo. L'écart semble se réduire. Une belle base sur laquelle s'appuyer pour le futur.
"Le sentiment de l'avoir dominé"
S'il était parvenu à passer l'obstacle, et c'était plus jouable qu'on le pensait de prime abord, David aurait pu défendre ou attaquer en direct une potentielle place au Masters face à Alexander Zverev, voire qui sait Matteo Berrettini, qui du coup effectuent une meilleure opération à la Race, le ranking qui mène à Londres où il pointe provisoirement 10e (les 8 premiers qualifiés). Quelque part, la chance ne lui a pas souri, mais le jeu développé en Asie, lui, est niveau Top 10, et c'est fort de cette conviction clairement affichée face à Roger Federer qu'il doit débarquer la semaine prochaine à Anvers. En voyant les choses du bon côté, il aura ainsi plus de temps pour digérer le long voyage et le décalage horaire de six heures, le temps presse un peu plus mais la saison n'est pas finie - il y aura encore Bâle et Bercy ensuite... avec un tirage plus clément espérons-le. "Ce n'est pas facile à vivre... ce match il était pour moi", confirmait-il, "même si j'aurais pu un tout petit peu mieux servir, j'ai le sentiment de l'avoir dominé quasi du début à la fin, même au deuxième set, et je pense que Roger doit le savoir, j'étais là mentalement et tennistiquement mais c'est un champion à part, qui fait jouer le coup le plus difficile dans les moments importants. D'un côté, je suis content parce que, par rapport à l'US Open j'ai vraiment montré mon niveau, de l'autre j'aurais pu encore faire mieux mais il y a eu Novak à Tokyo et Roger ici qui me sont passés devant. Anvers ? C'est différent, il y a le voyage, les conditions différentes, de la fatigue, mais on va essayer de maintenir ça." Désormais, le Liégeois peut dire qu'il sait ce qu'a dû ressentir Federer lors de la finale à Wimbledon, toutes choses relatives il a vécu la même chose jeudi en fin de premier set...
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