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Coupe Davis, Belgique-Colombie 2-1 : David Goffin s'est battu contre lui-même... et pour l'équipe

Dans un contexte de Coupe Davis, même si le format est différent, on peut toujours s'attendre à une surprise quel que soit le classement des protagonistes. Mais personne ne pensait qu'elle pourrait concerner David Goffin lors de la rencontre d'ouverture de la semaine madrilène face à la Colombie. 

Fort heureusement, notre 11e mondial a fini par avoir raison du 194e, l'inconnu Daniel Galan, qui y a cru (presque) jusqu'au bout. "Je me suis battu contre moi-même plus que contre mon adversaire", a reconnu David. Il s'est aussi battu pour l'équipe, qui avait retrouvé avec plaisir un Steve Darcis ragaillardi, et a vu ensuite nos spécialistes du double Joran Vliegen et Sander Gillé pousser les "numéros un" mondiaux dans leurs derniers retranchements, ils ont perdu d'un souffle. Vraiment dommage pour eux (et pour nous, s'il faut compter les points pour la qualification en quart de finale parmi les meilleurs deuxièmes), mais la première victoire est assurée, mission accomplie.

Steve a bombé le torse

Lors du tournoi d'Anvers, en évoquant sa sélection pour cette semaine finale de Coupe Davis, Johan Van Herck avait avoué qu'il se trouvait face à la décision la plus difficile à prendre de son capitanat. En filigrane, cela signifiait "Steve Darcis or not Steve Darcis". Il a choisi de faire confiance au valeureux Liégeois, malgré l'allure un peu désabusée qu'il arborait alors, et il en est récompensé. Ce fameux coude, que Steve a d'abord ménagé avant de le traiter médicalement à court terme pour être fidèle au rendez-vous - lui qui n'avait pu aborder aucune des deux précédentes finales belges au mieux de ses moyens physiques -, n'a pas eu l'air du tout de le handicaper. A la manière dont notre compatriote a maîtrisé sa nervosité et dominé Santiago Giraldo, certes retombé 277e mondial, on n'aurait jamais pu deviner qu'il subit un handicap physique récurrent l'obligeant à mettre un terme à sa carrière début 2020. Il a même aligné deux "aces" de suite, respectivement à 202 et 197 km/h, ce qu'on ne l'avait plus vu faire depuis... on a oublié c'est pour vous dire. Or donc, le 158e mondial de 35 ans a bombé le torse, concentré, et bouclé l'affaire en 64 minutes sur un 6-3, 6-2 ne souffrant pas la moindre discussion. "Vous savez ce que je pense de la formule", disait-il, "mais je sais aussi que je n'aurai jamais plus l'occasion de jouer pour la Belgique, et c'est la première fois que je retrouve l'équipe depuis la finale contre la France, c'est super d'être de retour et de remporter un premier point qui fait du bien à tout le monde."

"Je n'ai pas abandonné"

Dans le Stadium 3 qui peut contenir 1700 spectateurs mais en accueillait moins de la moitié, les petites colonies belges (250 compatriotes à peu près, dont une vague rouge de 50 supporters survoltés) et colombiennes ont eu le mérite, malgré les banquettes vides, de conférer à l'endroit un certain parfum de Coupe Davis. Lors du premier match, on a même parfois eu l'impression de jouer "à la maison". C'est pourtant une petite douche froide qui attendait nos fans les plus fidèles lors de la reprise des hostilités. Ils n'en ont pas cru leurs yeux lorsque le marquoir s'emballa d'emblée en faveur de Daniel Galan, 194e mondial, face à un David Goffin fantômatique, subissant les événements et commettant un nombre invraisemblable de fautes directes, 9 rien que dans les quatre premiers jeux, et 42 au total des trois sets (3-6, 6-3, 6-3). Il se retrouva ainsi mené 0-4, puis 1-5, et ne parvint à gagner qu'une fois son service lors de la première manche. "Contre un joueur que je ne connaissais pas, j'ai vraiment pris un très mauvais départ, alors que je m'étais juré d'en prendre un bon, ça a fait l'effet inverse", confirmait-il, "mais lors de ce premier set j'ai aussi breaké mon adversaire à deux reprises, je sentais dès lors que si j'arrivais à servir un peu mieux, à enchaîner un peu plus, l'un ou l'autre break dans les manches suivantes pourrait faire la différence. Le challenge c'était d'abord de me battre avec moi-même, et ce n'était pas facile. Il y a des jours où vous êtes dans le "flow", où à la limite vous planez, et d'autres où rien ne va, mais je suis content de la manière dont je me suis battu, je n'ai jamais abandonné, parce que c'est la chose la plus importante quand on joue pour son pays. Ce n'était pas un bon match, plutôt le genre de partie que l'on peut avoir en début de tournoi, un moment il n'y a plus qu'une chose qui compte, gagner, je suis fier de la manière dont j'ai lutté pour y arriver, et il arrive que des tournois qui commencent comme ça finissent très bien..."

Le double proche de l'exploit

Effectivement, David a su batailler, mais que ce fut laborieux ! Trop peu de hauts, et trop de bas, d'approximations, face à un Colombien décidé à prendre sa chance. Tout s'est finalement joué au septième jeu du troisième set, dans une atmosphère quasi étouffante et lors d'un échange épique, de loin le plus spectaculaire du jour. C'est là, et seulement là, que Galan lâcha prise et que notre "numéro un" put filer au but. A 2-0, la victoire était assurée, restait au duo Gillé/Vliegen à aborder le plus difficile, l'esprit plus léger, soit affronter les meilleurs mondiaux en double, la paire Robert Farah/Juan Sebastian Cabal. Et le moins que l'on puisse dire est qu'ils ont confirmé tout le potentiel qu'on leur prête depuis des mois, ne s'inclinant qu'au tie-break du troisième set (3-7, après avoir mené 3-1). Il s'en est donc fallu de très peu, d'un souffle même, face aux maîtres du genre (7-6, 4-6, 6-7). Du coup, le sentiment était un peu mitigé dans le discours de clôture du capitaine : "On a fait ce qu'on devait faire", soulignait Johan Van Herck, "tout le monde sait que David Goffin peut mieux, et il le faudra contre l'Australie, mais l'autre a très bien joué, et on a de nouveau pu constater qu'en Coupe Davis le ranking n'est pas le plus important. Embarqué comme il l'était, David est quand même parvenu à assurer l'essentiel, et cela aussi il faut savoir le faire. Quant au double, il a tout bien fait. A la fin, sur les points importants, l'expérience a sans doute parlé, les "numéro un" mondiaux ont joué tant de top matches pareils, sur le fil du rasoir, mais Joran et Sander ont montré à quel point ils ont progressé, ils sont très déçus, et je les comprends."

L'Australie mercredi pour la première place

Le prochain rendez-vous de l'équipe belge est donc fixé mercredi soir, à 18 h, face à l'Australie, un autre calibre. On ne doute pas que les de Minaur, Kyrgios et consorts prendront également la mesure des Colombiens ce mardi (18 h également), si bien que, comme on le pensait, la première place de la poule se jouera là, avec l'avantage d'une journée de repos supplémentaire pour nos compatriotes têtes de série, ce qui n'est pas du luxe quand on voit qu'au gré de la programmation  certaines rencontres peuvent se prolonger ici jusqu'aux petites heures de la nuit.
 

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