Assemblée générale de l'AFT
André Stein : "J'ai peur que les grands moments de Coupe Davis soient derrière nous"
Lors de l'assemblée générale de la fédération francophone de tennis, samedi matin dans les locaux de l'UCM sur les hauteurs d'Erpent, le président André Stein, le secrétaire général Pierre Delahaye et le trésorier Etienne Poncelet ont présenté un beau bilan d'activité au coeur des grands chantiers fédéraux en cours, la remarquable et complexe réforme des classements et compétitions au niveau national, l'intégration de la fédération de padel au sein de l'AFT, ou l'équilibre budgétaire des prochains exercices. André Stein y a également délivré son sentiment personnel quant à l'avenir de la Coupe Davis, à laquelle il tient, et il n'est pas optimiste.
"Uniquement une question d'argent"
Après avoir salué la mémoire de deux serviteurs du tennis wallon, le Jemellois Jean Mullens et le Liégeois Raymond Gillis, décédés en fin d'année dernière, le président fédéral a d'emblée abordé un sujet qui lui tient à coeur. "En comptant la finale de Lille, qui a coûté au moins autant d'énergie à notre staff que les matches que nous organisons nous-mêmes, en ce compris les difficultés de communication avec la fédération française pour l'attribution des places qui en ont déçu plus d'un, nous avons, peu ou prou, participé à l'organisation de quatre rencontres de Coupe Davis depuis un an", dit-il. "Il s'agit d'un travail de titan qui s'est souvent traduit en heures supplémentaires pour notre petite équipe. Il s'est également confirmé, contre la Croatie en 2016 ou la Hongrie en 2018, que deux finales en trois ans n'empêchent pas les premiers tours d'être déficitaires, même le quart contre l'Italie n'a pas été le succès espéré. Quand on va plus loin, c'est différent, et on a vécu d'inoubliables moments qui ont marqué à jamais l'histoire de notre tennis, mais j'ai peur qu'à l'avenir nous n'ayons plus jamais l'occasion de vivre de tels événements. Tout concentrer en une semaine à l'autre bout du monde comme on l'annonce pour 2019, cela n'aura plus rien à voir. Je ne crains pas de dire ici ce que je pense : c'est uniquement une question d'argent, et je ne peux que le déplorer."
"Le padel à 95 % dans nos clubs"
Avec Pierre Delahaye, qui s'est personnellement impliqué dans des négociations parfois ardues, André Stein a également évoqué l'arrivée du padel au sein de l'AFT. "Pourquoi cela nous semble-t-il aller de soi de gérer les deux ensemble ? Non seulement parce que les deux disciplines ont des profils plus ou moins semblables mais encore, voire surtout, parce que 95 % des terrains de padel sont installés dans nos clubs, tout le monde avait à y gagner, mais en convaincre les pionniers de la fédération de padel n'était pas chose facile, et je peux fort bien le comprendre. Pierre parle d'un mariage de raison qui a déjà pas mal évolué dans une grande convivialité, il a raison, les accords existent, y compris avec le ministre et l'Adeps, il nous reste à finaliser les différents volets financiers, réglementaires, juridiques, à assimiler toutes les règles du padel qui ne sont pas les mêmes que celles du tennis, il est normal que cela balbutie un peu ici et là, mais pas de souci tout se met en place."
"La baisse d'affiliés stoppée"
La direction ne pouvait que rendre hommage à l'énorme effort fourni, principalement par l'adjoint du secrétaire général Samuel Deflandre et l'administrateur Thierry Marot du TC Géronsart, pour mener à bien, en collaboration avec Tennis Vlaanderen, la réforme des classements et des compétitions dont les contours ont déjà été définis sur ce site. "Comme pour l'arrivée du padel, il s'agit d'une première, d'un vrai événement. Ce n'est pas le lieu d'entrer dans les détails, d'autant que c'est compliqué", sourit Pierre Delahaye, "mais de nombreux exposés ont déjà été programmés dans les régions, pour les principaux intéressés, à tous les niveaux, et il y en aura encore. En ce qui nous concerne, la mise en oeuvre, notamment au plan informatique, aura un coût, mais on l'assumera, on adaptera le budget, on va dans le sens du progrès. Nous pouvons heureusement compter sur un apport sponsors stable, ils nous sont fidèles. Même chose au niveau subsides, les relations sont excellentes avec l'Adeps, qui cite souvent en exemple notre direction sportive pour son sérieux ou ses résultats et accomplit les efforts nécessaires pour améliorer les installations du Centre de Mons, où il ne manquera plus qu'un court... en gazon... on a déjà la tondeuse (sourire). Quant au nombre d'affiliés, bonne nouvelle, la baisse relative enregistrée depuis 2012 a pu être stoppée, les chiffres sont même repartis légèrement à la hausse (de 65.593 à 66.095, autour de 85.000 si on compte les affiliations jeunes à 2 euros, ndlr)."
"On essaie de diversifier"
Au niveau sportif, l'oeil dans le rétroviseur, le secrétaire genéral exprime un sentiment mitigé : "Bien sûr, c'était difficile, mais je pensais bien que, cette fois, soulever le Saladier était chose possible, surtout avec un David (Goffin) pareil. Dommage aussi pour Steve (Darcis), ce n'était pas un cadeau pour lui de devoir affronter de tels joueurs en étant blessé. Je n'oublie pas l'équipe de Fed Cup, qui a certes perdu en France, mais est revenue en belle position au plan mondial en gagnant l'an dernier en Roumanie et en Russie. Pour en revenir à l'AFT elle-même, le staff du Centre de Mons a été remanié (un départ, deux arrivées) en fonction de l'âge des jeunes à entraîner et d'une importante rentrée de septembre, avec notamment cinq filles. On essaie aussi de diversifier sur d'autres plans. Avec le Tennis Loisirs pour meubler juillet/août - une compétition mixte où l'on joue en double et en poules de cinq équipes en fonction de leur proximité kilométrique, ndlr - qui a connu un beau succès pour la "première" l'an dernier et que l'on reconduit cette saison (inscriptions 30 avril-1e juin). Avec aussi le cardio-tennis, il y a de plus en plus d'organisations dans les clubs et 100 moniteurs ont été formés en 2017. Ou avec le tennis solidaire qui récupérera encore balles et boîtes pour les recycler écologiquement en tapis de sport."
"Combattre une tendance déficitaire"
Le budget de l'AFT n'est pas une mince affaire, charges et recettes avoisinent les 4.500.000 euros, et il a de nouveau été bouclé en équilibre pour 2017. "C'est toujours une sorte de prouesse", dit le trésorier Etienne Poncelet, "maîtriser toutes les données d'une saison sportive dans des secteurs aussi fluctuants n'est pas simple. Il ne nous a pas pour autant échappé qu'une tendance déficitaire se fait jour depuis quelques saisons, elle passe inaperçue parce que les belles campagnes de Coupe Davis nous ont laissé un certain bénéfice. Pas aussi énorme qu'on se l'imagine, vu les frais engagés, mais notre quote part de 100.000 euros sur les revenus de l'épreuve en 2017 nous permet tout simplement d'équilibrer l'exercice. Or, ce sont des recettes exceptionnelles, il y a peu de chances que ce soit encore le cas à l'avenir, et de toute manière il serait dangereux de tabler là dessus. Il vaut donc mieux faire attention que cela ne se renouvelle pas, et prendre, comme nous le faisons, des mesures dans tous les secteurs, administration, charges sportives, organisations tennistiques comme les tournois 15.000 dollars où nous étions seuls maîtres d'oeuvre et où peu de nos jeunes s'expriment alors que c'était le but initial. Je vous rassure, nous avons suffisamment de réserves en cas de coup dur, mais mieux vaut ne pas tenter le diable."
NDLR: 107 clubs étaient représentés à Erpent samedi matin. Le quorum des deux tiers n'étant pas atteint, une assemblée générale extraordinaire sera convoquée le 10 avril à 18 h dans les locaux de l'Adeps à Jambes pour valider les modifications statutaires prévues.
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