Arnaud Bovy arrêtera sa carrière après le Lambermont
« Si on n’est pas heureux, c’est inutile de continuer, cela n’en vaut pas la peine. »
Ce dimanche soir, en exclusivité pour l’Association Francophone de Tennis, Arnaud Bovy a annoncé qu’il mettra fin à sa carrière internationale au terme de sa participation au Tournoi International de la Province de Liège qui se tient depuis ce dimanche au Lambermont.
A 21 ans, Arnaud, dont le meilleur classement professionnel a été la 570eme position, a pris cette décision en toute sérénité.
Arnaud, vous allez donc disputer votre dernier tournoi international cette semaine, sur vos terres liégeoises. Pourquoi avoir pris cette décision ?
Arnaud Bovy : Il y a évidemment plusieurs raisons, la principale étant le fait que, depuis plusieurs mois, les résultats ne suivent pas alors qu’à l’entraînement, je suis plutôt en bonne forme. C’est d’ailleurs très frustrant de constater que malgré le travail important, l’évolution ne suit pas en compétition. Je n’avais pas beaucoup de points à défendre et j’espérais donc pouvoir progresser au classement mais, hélas !, tel ne fut pas le cas. A force d’enchaîner des résultats décevants, on perd la confiance. Or, on sait tous que le tennis est un sport de confiance. Cette confiance a commencé à me manquer. Et quand on perd la confiance, la motivation a tendance à diminuer, puis à disparaître.
Pourtant, de l’avis de tous, vous êtes un gros travailleur ?
A.B. Oui, je me suis accroché et je donnais tout ce que j’avais à l’entraînement. Mais, en match, je le répète, c’était compliqué. C’est frustrant car quand j’étais junior, c’était plutôt l’inverse qui se produisait : je jouais mieux en compétition qu’à l’entraînement. Ce fut encore le cas lors de ma première année en pro, première année qui m’a vu passer de non classé à la 570eme place mondiale, ce qui n’est pas mal. Mais, ensuite, la tendance s’est inversée…
Vous avez été dans le Top 30 mondial en juniors. Que vous a-t-il manqué pour confirmer chez les pros ?
A.B. J’avoue que je n’ai pas une réponse toute faite à cette question. Soit je n’étais pas fait pour ce sport… Non, je caricature, c’est excessif de dire cela mais je n’ai sans doute pas été capable de gérer la pression générée par le tennis professionnel. J’avais bien commencé, puis, comme pour tous les autres, il y a eu la période Covid. A tel point que j’ai parfois la sensation d’avoir commencé l’année dernière… Mais ce n’est pas une excuse. En réalité, je ne me sens plus avancer. Je n’ai plus la sérénité nécessaire. Comme si la flamme qui est en moi depuis quasi vingt ans s’était éteinte progressivement. Là, je n’ai plus l’envie nécessaire pour poursuivre.
Ce qui doit aussi être frustrant c’est que vous êtes tout de même dans le Top 600 mondial dans un sport pratiqué dans le monde entier. En foot…
A.B. En football, je serais millionnaire car je pourrais jouer dans l’un des trente meilleurs clubs du monde (rires). C’est ce qui fait la beauté de ce sport. Le tennis est un sport aussi beau que cruel. Il est ingrat, aussi. Ainsi, depuis quelques mois, la plupart des gens ne voient que mes mauvais résultats sans savoir que, comme tant d’autres, je donne tout ce que j’ai pour rester compétitif. Je dois cependant bien constater ce n’est plus le cas.
Qui plus est, le tennis, pour cruel qu’il soit est peu rentable pour les joueurs en dessous de la 150e place et il coûte aussi très cher.
A.B. Oui, en effet. Quand on joue à mon niveau, non seulement on ne gagne pas d’argent mais, surtout, on en perd. Il était donc logique que je prenne cette décision. D’autant que je sens que mon corps commence à ne plus accepter ce que je lui demande.
Avez-vous discuté de cette décision avec vos deux sœurs qui ont décidé, elles-aussi, soit d’arrêter leur carrière (Margaux) soit de ne pas la tenter (Juliette) ?
A.B. J’avoue que quand Juliette nous a annoncé il y a quelques semaines qu’elle n’allait pas se lancer, ma réaction a été la surprise. Je ne la comprenais pas. Mais, évidemment, j’ai beaucoup discuté avec mes proches et avec elles et j’ai finalement compris que ce qu’il était indispensable de faire, c’est de suivre ce que disent la tête et le cœur. Avant tout, il faut rester heureux. Si on n’est pas heureux, c’est inutile de continuer, cela n’en vaut pas la peine.
Pas de regrets ?
J’aurais évidemment préféré monter dans le classement mais, très franchement, non, je n’ai pas de regrets. J’ai tout donné, j’ai essayé. Et ce que j’ai donné au tennis n’est pas perdu, au contraire, cela m’a donné l’habitude de me battre. Cette qualité me servira sans aucun doute dans ma vie.
Une vie qui sera faite de ?
A.B. Depuis l’an dernier, je suis étudiant mi-temps en Sciences Politique. Je vais poursuivre mon cursus, mais à temps plein. Depuis toujours, la politique, l’actualité me fascinent. Je sais ce que je veux faire plus tard mais je préfère le garder pour moi pour l’instant (rires)
Connaissant l’amour du tennis qui est le vôtre et celui de votre famille, on imagine mal ne plus vous voir sur un terrain ?
A.B. Je suis né avec une raquette en main et je jouerai évidemment encore sur le circuit national et en interclubs.
On ne peut que s’en réjouir.
Propos recueillis par Amortie et Lob.
Brève bio d’Arnaud Bovy
Né le 17 septembre 2000
Meilleur classement junior : 26
Meilleur classement ATP simple : 570
Meilleur classement ATP double : 572
1 titre Future : Monastir 2019
2 titres Future en double : Sharm El Sheikh 2019 et Le Caire 2019
Meilleure perf : Filip Peliwo (388e) à Monastir 2022
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