A Londres, Alison a retrouvé sa "french touch"
David Goffin nous a souvent sauvé la mise en Grand Chelem, mais l'inverse peut aussi arriver, et quelque part c'est signe de bonne santé pour notre tennis. David reviendra à son niveau, son coach Thierry Van Cleemput n'en doute pas, nous non plus. Mais, en attendant, ce sont les filles qui ont repris le flambeau sur l'herbe de Wimbledon. Elles étaient trois au troisième tour. Et si, là aussi, notre numéro une, Elise Mertens, a plutôt manqué le rendez-vous, Alison Van Uytvanck, elle, a carrément créé la sensation, et elle s'est retrouvée en deuxième semaine comme à Roland Garros il y a trois ans, où elle avait atteint les quarts de finale à 21 ans. Après des mois de galères, on a enfin revu le tennis que la talentueuse Brabançonne est capable de développer, et ce n'est pas rien.
Trois Top 50 à la WTA
Dans une semaine, lors de la parution du classement WTA d'après Wimbledon, trois Belges figureront dans le Top 50 mondial, Elise Mertens entre 15e et 17e selon les verdicts à venir sur l'herbe anglaise, Alison Van Uytvanck 39e, et Kirsten Flipkens 48e. Si l'on ajoute bien sûr David Goffin qui flirtera toujours avec le Top 10, et le retour de Yanina Wickmayer dans le Top 100, il y a de quoi se montrer une fois de plus satisfait dans un petit pays comme le nôtre. La première grande sensation londonienne a d'ailleurs failli être causée par... Ruben Bemelmans qui, après avoir éliminé Steve Johnson, a poussé à bout John Isner en cinq manches alors qu'il a été mené deux sets zéro. Si ses fameux "aces" au bon moment ont finalement permis au géant américain de s'en sortir, on a entendu son "ouf" de soulagement jusqu'au Limbourg. Ce fut donc à Alison Van Uytvanck de créer l'événement. "Quand on regarde le tirage au sort et que l'on voit Garbine Muguruza, lauréate de l'an dernier et 3e mondiale, s'afficher au deuxième tour, forcément on n'y croit pas trop", avouait la Grimbergoise. Et pourtant...
"Différent de Paris"
... Oui, et pourtant. C'est l'Espagnole qui, ce jour-là, a le mieux résumé la prestation de notre compatriote, dont on n'a jamais douté qu'elle a ce tennis-là en elle mais dont on a parfois l'impression qu'elle est la seule à l'ignorer. En gros, elle sait tout faire, ce qui n'est pas fréquent, surtout chez les filles. "C'est d'abord elle qui a vraiment joué le feu", confirmait Muguruza, "la surface lui convient, elle a pris tous les risques, et cela a très bien fonctionné pour elle, pas pour moi qui escomptait autre chose, elle était dans un grand jour et le match a fini par m'échapper." Un match inoubliable pour Alison, clôturé sur un score finalement sans appel : 5-7, 6-2 et 6-1 ! Pas simple d'enchaîner après un exploit pareil, "mais le fait d'avoir bien joué d'entrée, sur une surface que j'apprécie, m'a donné confiance, et la confiance ça change tout !" Confirmation au troisième tour face à Anett Kontaveit, 27e mondiale. "J'ai essayé de tout effacer, et de jouer une rencontre "normale", il y a quand même eu pas mal de stress à la fin et j'étais contente de ne pas devoir servir pour gagner le match (sourire)." 6-2, 6-3 en 1 h 15, la "french touch" d'il y a trois ans retrouvée ? "Oui... mais en mieux", continuait Alison, "ici c'est différent, j'ai battu des joueuses plus fortes pour arriver en deuxième semmaine, et le fait d'avoir déjà vécu ça à Paris m'a permis d'en profiter un peu plus."
Une volée ratée qui change tout
Elle aurait pu encore en profiter au moins un jour supplémentaire, parce que lors de son huitième de finale contre la 14e mondiale Daria Kasatkina, entraînée par Philippe Dehaes, on a cru qu'elle tenait de nouveau le bon bout dans une rencontre très serrée. Le coach brabançon de la Russe en convenait : "Dans la première manche, Daria a une balle de set lors du tie-break, mais c'est Alison qui s'impose 8-6, avant de mener 2-1 service à suivre dans la deuxième. Là elle peut tuer le match. Pourquoi ne l'a-t-elle pas fait ? Aucune idée. La tension peut-être. Elle a laissé la porte entrouverte et Daria y a glissé le pied." On a même eu l'impression que c'est une seule balle qui fait toute la différence, une volée hyper facile qui aurait dû ouvrir à 3-1 que Van Uytvanck a incroyablement mise dans le filet et qu'elle n'a visiblement pas digérée, parce qu'ensuite on n'a plus jamais revu la même joueuse. "Daria l'a vite remarqué et a augmenté son niveau, son agressivité.", confirmait Dehaes. 3-6, 2-6, c'est donc la jeune Russe qui filait en quart face à Angelique Kerber. Et bien sûr, Alison préférait retenir les bonnes choses de son séjour londonien, comme son entraîneur David Basile qui espère (et pense) qu'elle est occupée à passer un cap. "J'aurais dû faire 3-1, cette volée je ne pouvais pas la manquer", concluait-elle, "c'est le tournant du match, je suis déçue mais je pense que j'ai vraiment haussé mon niveau ici, mon coach insiste pour que je sois plus agressive, j'ai fait un pas dans la bonne direction, je peux rentrer la tête haute."
Elise frustrée
Pour compléter, si Kirsten Flipkens n'a pas eu voix au chapitre au deuxième tour face à Jelena Ostapenko ("elle a frappé des coups gagnants dans tous les sens, toutes ses balles restaient dedans") et si Yanina Wickmayer s'est inclinée au troisième (son meilleur résultat en Grand Chelem depuis deux ans) face à Donna Vekic (6-7 au premier set), la déception est donc venue d'Elise Mertens, peut-être handicapée par un problème au mollet bien qu'elle n'ait pas voulu s'en servir comme excuse. Toujours est-il qu'elle n'a pas fait le poids (un double 2-6) face à une Dominika Cibulkova du tonnerre de Dieu, lauréate du Masters dames l'an dernier. "Ce n'était pas mon jour, dommage que cela arrive à un troisième tour de Wimbledon", disait Elise avec son honnêteté coutumière, "c'est frustrant, le score est lourd, mais il reste d'autres tournois, et un Grand Chelem, au programme. J'ai essayé de réagir, d'être plus agressive, de monter au filet, j'y ai gagné quelques points mais j'ai aussi commis trop de fautes. C'est vrai, je me suis levée avec cette gêne au mollet vendredi matin, une simple contracture mais il fallait faire attention, ne pas risquer une déchirure. Je n'ai jamais songé à déclarer forfait, le bandage était bien serré, je n'y ai pas pensé pendant le match, j'étais plus préoccupée de trouver des solutions pour la contrer, je ne les ai pas trouvées."
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